Il était une fois l'école

Les punitions

Quand on avait mal travaillé

De génération en génération s'est transmise l'évocation des punitions subies par les élèves. Un certain nombre relèvent de la légende mais, beaucoup ont existé et ont été appliquées avec plus ou moins de rigueur.

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Depuis la plus haute antiquité, les punitions corporelles ont toujours été jugées nécessaires pour dresser une enfance forcément paresseuse et indisciplinée : les Egyptiens ne disaient-ils pas que les enfants avaient des oreilles dans le bas du dos !!

Au 16ème siècle, la liste des punitions est soigneusement graduée selon la faute de l'élève : on recommande comme punition mineure le coup de baguette sur les doigts puis viennent les verges ou le martinet sur les mains puis sur le « derrière ». Pour une faute plus grave, ce sera le « cabinet noir » pour une durée de 6 heures au maximum et en cinquième position dans l'échelle des sanctions « l'habit de l'âne ou le bonnet d'âne. L'élève ainsi sanctionné peut être amené à revêtir l'habit de l'âne et même à être conduit à la porte de l'école pour être hué par l'ensemble des écoliers. »Le bonnet d'âne" est une punition qui a existé dès l'antiquité et a fortement marqué les esprits bien qu'il ait été peu utilisé et l'abondante iconographie sur ce sujet ne correspond pas à la réalité. Par contre, l'envoi dans les autres classes d'un élève dont le travail était négligé ou mal présenté avec le cahier accroché dans le dos a été une punition très utilisée dans les années 50/60.

Au moyen âge, la punition corporelle donnée au moyen de verges ou avec la férule était fréquente.

Jusqu'à la fin du 19ème siècle, la fessée était encore en usage dans certaines écoles puisque le musée pédagogique de Haute Saône possède une chaise « à fesser ».

La fessée, qui a toujours été interdite, a cependant existé de tous temps. L'arrêté de janvier 1887 dresse la liste des seules punitions que les maîtres peuvent utiliser : il s'agit des mauvais points, des réprimandes, de la privation partielle de récréation, de la retenue après la classe et de l'exclusion de trois jours au plus. L'arrêté précise qu'il est absolument interdit aux maîtres d'infliger aux enfants des punitions corporelles.

A l'opposé des bons points et des images, il y avait les mauvaises notes : ces petits bâtons, mis bout à bout en regard du nom de l'élève frondeur, dissipé ou inattentif sur le cahier de conduite du maître faisaient que la note de conduite, transmise aux parents à chaque fin de semaine, pouvait s'approcher du Zéro, ce qui entraînait d'autres ennuis quand il était rapporté à la maison.

Une bêtise en classe ou un travail non fait pouvait avoir pour conséquence l'envoi « au coin » ou au « piquet ».

Comme son nom l'indique, l'élève au coin était envoyé dans un angle de la classe, la face tournée vers le mur et les mains au dos ou, peine aggravée, les mains sur la tête.. Le piquet, sans doute par analogie à la chèvre qui était attachée à un pieu et ne pouvait aller où elle voulait était la punition infligée à un élève en dehors de la classe et qui devait rester en un certain lieu, souvent dans le préau, pendant que ses camarades étaient en récréation ou qu'ils rentraient chez eux, la classe terminée.

La punition écrite consistait souvent à faire des « lignes », c'est à dire à écrire un certain nombre de fois la même phrase, souvent moralisatrice : « Je dois être poli avec le maître », « Je ne serai pas brutal avec mes camarades » ...

Certains punis, adroits, réussissaient à écrire avec deux crayons à la fois ce qui diminuait de moitié la longueur de la punition.
Celui qui vous parle a eu, à 8 ans et demi, 500 lignes à faire pour avoir fait rouler une bille dans la rainure de la table et il n'était pas question, pour les parents, de demander un allègement de la punition.

Il ne faut pas trop noircir le tableau : l'immense majorité des maîtres ont peu eu recours à tout cet arsenal de punitions mais leur responsabilité était grande ; l'école a toujours été l'outil de la promotion sociale et les enseignants ont toujours eu à cœur de voir leur élèves réussir. Ce n'était pas aisé avec des classes de 40 ou 50 élèves !

Michel Jaulin